Une geste
Une geste
Broder
Dans la pratique de la broderie, contrairement à celle de la peinture, tout est différé. On imagine un geste vif, on besogne à le broder à petit point. Tout est contradiction, tension entre les contraires. Que ressent le spectateur le regardant? Sensualité de la matière, imperfection du point, clarté des lignes. Reste Le geste, devant les gestes du brodeur. Reste le temps, perceptible à ses traces, à l’imaginaire du geste que tout un chacun reconnaît, tant les arts textiles sont proches de l’être, de notre habitus humain. Dans toute civilisation l’art textile s’impose, et pour nous qui l’avons transféré à l’industrie ou au luxe, il est toujours là, au creux de nos rêves, que ce soit sous la forme d’une chemise de fil brodée par une grand-mère ou d’une coiffe indienne ornée des plumes d’un animal disparu. L’imaginaire humain ne se sépare pas de cette matière, le textile qui nous couvre et nous entoure depuis la nuit des temps.